Des journalistes

 

A Edwy Plenel,

Ah que c’est drôle d’être connu ! Je constate, étonné, vers 17 h 30 (heure locale de Paris) que des gens s’agglutinent autour de moi, prennent des photos. Je n’avais pas remarqué que vous étiez à deux mètres de moi, sur …le trottoir du boulevard Diderot, non loin de la manif en ce dimanche ensoleillé. Vous étiez tout en noir, très propre. Le noir est pourtant très salissant, je sais de quoi je parle, je ne porte pratiquement que des vêtements de cette couleur.
Un instant je me suis dit que vous veniez près de moi pour être pris en photo avec ma pomme mais cela ne me semble pas une hypothèse vraisemblable ni même vérifiable. Et l’on sait tout le débat autour des preuves… Mais que c’est bon aussi d’être inconnu, d’éditer des livres de façon anonyme (l’ouvrage ci-joint n’en étant qu’un exemple), de faire des actions non signées. Le nom d’un auteur sur la couverture n’est-il pas aussi laid qu’un code-barres sur la quatrième ? Et aussi inutile.
Je vous avais déjà rencontré il y a quelques années avec votre dame (je suppose) dans des chiottes d’autoroute. Je vous avais demandé ce que cela vous faisait d’avoir été éjecté du « Monde ». Vous m’aviez répondu « Même pas mal au contraire ». Je vois qu’avec Mediapart le passé trotskyste n’est pas chose rédhibitoire. D’ailleurs le PC n’aime pas les biographies sans tache, dit-on (voir par exemple Marchais).

Ces brèves rencontres me laissent quand même un goût d’inachevé.

AT

 

Paris, 6/3/2014

Bonjour,

A Blandine Grosjean (rédactrice à Rue89),

Je reviens d’un assez bref voyage dans le XIXe arrondissement qui m’a à peu près persuadé de l’excellence (relative quand même) du XXe. Ne possède-t-il le coin le plus littéraire de Paris, entre la rue des Pyrénées, la rue du Jourdain, la rue des Rigoles et la rue Levert, soit deux cents mètres carrés environ, où l’on ne compte pas moins de six librairies ?Alors que hier dans une très fameuse librairie du VIe qui, à la suite d’un glissement de terrain sans doute, s’est retrouvée rue Bonaparte après avoir été longtemps sur le boulevard Saint-Germain, un monsieur m’a indiqué que Rue89 évoquait mes oeuvrettes.
Je fais ici une petite digression qui n’a que peu d’intérêt, mais un grand désir me pousse à le faire. J’ai longtemps habité à un jet de cocktail Molotov (pour une personne entraînée quand même) de votre précédent siège rue des Haies. J’ai déménagé il y a quelques mois et je suis actuellement à un jet de cocktail Molotov (pour un athlète de haut niveau s’entend) de votre nouveau siège rue de l’Est. Bizarre, non ?